A L'HEURE DE DAVID SABATIER

 LA FORCE DE CARACTERE D'UN MEC BIEN

Tout le monde dans la vie connait de mauvais moments. Des coups plus ou moins durs. Certains sont violents, douloureux, difficiles à vivre et à oublier. A jamais même. C'est ce qui est arrivé au raseteur David Sabatier lorsque, juste quelques jours avant de remporter le Trophée de l'Avenir en 2003, son frère Stéphane décéda accidentellement le 27 septembre. David nous raconte: " C'était pendant les fêtes de Saint Rémy de Provence, j'avais acheté un quad, Stéphane est parti dans les Alpilles faire un tour, il n'est jamais revenu, il avait 27 ans... " Un peu comme les artistes où le spectacle doit continuer, David participa à la course, ce qui vous en conviendrez relève d'une sacré force de caractère. D'autant plus que ses parents, devant ce drame familial et n'ayant plus que lui, n'arrangeaient pas les choses; Car déjà ils ne voulaient pas qu'il rasète tout court, puisque avec les taureaux, malheureusement, la vie peut à tout moment rapidement s'arrêter. Mais David, comme tous ces jeunes garçons, qui en ont une paire bien accrochée, avec cette adrénaline nécessaire pour affronter le danger d'une bête sauvage, armé de cornes meurtrières, passa outre et força son destin.

Un destin, un parcours qu'il a donc décidé d'arrêter, de le préparer déjà l'an passé, et de nous dire: " Le physique ça va encore, la tête aussi, mais quand tu commences à attendre la faute du taureau, que tu les vois de plus en plus gros, que tu as peur en quelque sorte, il vaut mieux arrêter. " Pas de regrets, si ce n'est d'avoir débuter tardivement à 20 ans, et de ne pas avoir continuer  avec son tourneur Houari Kerfouche.  Sinon un riche parcours humain et sportif étoffé d'un joli palmarès, pour une passion qui lui a permis de mettre du beurre dans les épinards, et par voie de conséquences connaitre des personnes et des amis qu'il n'aurait certainement pas rencontré. Des souvenirs également, il en a plein la tête, du meilleur " Ma rencontre avec Camarina en 2006 aux arènes de Saint Rémy de Provence. " au plus mauvais : " La même année en 2006, mais cette fois à la finale des As à Nîmes, où Fournelet de Jean-Claude Blanc, extraordinaire ce jour-là, m'infligea deux coups de cornes quasiment symétriques dans le haut des deux cuisses. " Sans oublier évidemment le décès du jeune de l'école taurine de Châteaurenard Steven Lieballe l'an dernier.

Ensuite, tout est une question de mentalité, d'état d'esprit, d'avoir la tête bien vissée sur les épaules, connaitre sa valeur, ses moyens, bref son niveau. De fait, il aura rendu d'énormes services au clubs taurins, tant par sa gentillesse avec un sourire irradiant son visage, que par sa conscience professionnelle à bien faire, ou faire de son mieux. Au final un joli palmarès constitué de crédibles places d'honneur aux As et aux Raseteurs, mais aussi quelques très belles victoires significatives, preuve qu'il savait aller de l'avant.

Alors, comme il avait décidé de continuer, David après 16 ans d'activité a choisi en conscience son départ à la retraite. Au très grand soulagement de ses parents et de sa compagne Eugénie. Au fait tourneur ou pas? " Pas pour l'instant car Eugénie ne veut pas. Pourtant j'ai pas mal de proposition, mais je garde l'école taurine et par là-même ma condition physique. " Allez rendez-vous samedi à Mouriès, car c'est bien la "der" puisque David a annulé celles qui lui restaient.

Trois questions à Eugénie ...

Vous ne l'avez jamais empêché de courir?

Non je ne l'ai jamais empêché d'y aller, je n'avais de toute façon pas le choix. Je l'ai un peu mal vécu, avec la peur qu'il ne rentre pas tout court.

Comment avez-vous vécu sa carrière?

Je l'ai connu en courses d'emboulés, je connais et je connaissais les risques, je l'ai suivi au début,  je ne voyais que le danger, je me cachais. C'était pas la peine, après il y a eu l'arrivée de Théo et ensuite Noémie.

Donc heureuse qu'il arrête ?

Evidemment, il a vu que j'étais anxieuse quand il partait en course, à son jubilé j'y serai. Malgré cette angoisse permanente, je suis fière de son parcours, il a vécu sa passion, mais je suis vraiment soulagée et contente qu'il arrête.  

Texte et photo: Patrick PONS