FRONTAL

IRREDUCTIBLES PROVENCAUX

Samedi, chez l'ami Denis Rocarpin à Cavaillon, le soleil était au rendez-vous, mais le lendemain changement radical de décor. Vent, pluie et froid, voilà en trois mots une situation qui a basculé, en une nuit, du printemps à l'hiver. Un temps à ne pas mettre un aféciouna sur les gradins des arènes, de fait, causant l'annulation de toutes les courses. Toutes? Non, car un village peuplé d'irréductibles "charretiers", celui de Rognonas, résistait encore et comme toujours aux intempéries. Comment donc est-ce possible?

D'après les météorologues locaux, parmi eux l'ami Roger Mourien " Si les nuages arrivent du Gard, le Rhône nous protège, en revanche s'ils descendent de la Mer alors là, on est mal. " Ce même Roger qui huit jours avant, délégué de course à Salin de Giraud, me demande "  Tu as fais ton programme du week-end prochain?" " Je pense que le dimanche je viendrai à Rognonas. " "  Et bien téléphone moi si tu viens. " Là aussi, bien vu Roger car, pour le coup, et une fois n'est pas coutume, c'est en Provence qu'il fallait être pour voir des taureaux et des raseteurs. Mais pas que. "  Patrick, chez les "Archet il n'y a pas que des raseteurs." me dit mon collègue René Vignaud, sommité de Bouvino, n'en déplaise à quelques cloches!!! et ancien président du club taurin l'Abrivado. René faisant référence à son "charretier de gendre", Fabrice Archet, frère de Sébastien Archet président du Club Taurin Lou Gravesounen et neveu de l'ancien raseteur Robert Archet.

En effet, nombreux sont les aféciouna de la charrette qui se pressaient, dimanche matin, pour voir la première de sortie: celle dite "du Bon Ange", celle de la jeunesse locale. " Mais attention elle ne fait pas partie de la Fédération Alpilles Durance." me précise Fernand Chabaud, également ancien président de l'Abrivado, mais aussi vice-président pendant une vingtaine d'année de la FAD, et qui sait précisément de quoi il en retourne. La tradition là-aussi reste la tradition, non mais! Celle qui fête la Saint Eloi, la Saint Roch et la Saint Jean, avec tout l'estrambord de cette coutume séculaire qui se perpétue d'année en année entre Alpilles et Durance.  Officielle ou pas, avec mes yeux de novice, elle avait fière allure cette Charrette des festivités du Bon Ange, décorée d'ormeaux et de genets lancée et tirée à fond de sabots par les quatorze chevaux de traits. Magnifique...

Empruntant le parcours à trois reprises, voilà que pour le dernier tour, elle le prend dans l'autre sens, je visualise là quelques difficultés de guidage au virage, celui devant la mairie. Fernand Chabaud éclaire ma lanterne :  " Quand la charrette passe à l'endroit c'est plus facile pour la contenir, les charretiers forcent nettement moins, mais quand elle passe à l'envers les charretiers poussent plus fort pour la faire tourner. " J'apprends également que chez les chevaux il y a "lou Courdié, lou Cavihié et lou Limounié", soit les trois premiers de la charrette. De même que depuis 1885 devant la mairie, les jeunes plantent l'arbre de mai, là une grande branche d'orme qu'ils attachent au platane, au son de la Marseillaise jouée par l'Harmonie Rognonaise, et parmi ces musiciens le président actuel de l'Abrivado: Xavier Ferrand.

Restons dans les irréductibles, toujours en Provence, mais cette fois au Pays de Daudet, c'est à dire à Fontvieille. Dans la nuit de dimanche à lundi, les fortes pluies ont empêché les organisateurs de trouver le sommeil, et dès les premières heures du jour, les Palud de Noves me prévenaient de l'annulation de leur course. Noyée, la petite piste palunaise dans les anciens marais. Pendant ce temps, à Fontvieille, pas question de renoncer sans avoir essayé de résister, d'autant que le soleil serait bien présent, comme les degrés remontaient un peu. Alors avec toutes les forces vives du club, l'huile de coude a coulé à flots afin de remettre en état la piste fontvieilloise. En récompense de leurs louables efforts, quasiment 1000 entrées payantes, une très belle Royale de La Galère avec Youssef Zékraoui, galons 5 étoiles. Soit en ce 1^ermai, une belle fête du....travail.

"Pople d'Arle, veici ta Rèino"...Un premier mai éclairé du sourire de Naïs Lesbros aux alentours de 12h30, la mollégeoise est arrivée au mythique balcon de la Mairie d'Arles avec ses demoiselles d'honneur, en attendant de prendre la suite de la très pétillante Mandy Graillon. Nos arlésiennes auront usé d'amidon et d'épingle pour fêter royalement le muguet.

En conclusion de ce riche week-end, il est exact qu'on en apprend tous les jours, il fallait juste être au bon endroit. Avec Roger, René, Fernand, Xavier, puis Philippe, Jean-Pierre, Antoine, Benjamin.....Bref d'irréductibles provençaux, dans le meilleur et la noblesse du terme, celui pour la sacro sainte Fé di Biòu section TRADITION.

Patrick PONS