A L'HEURE SAINT LOUISIENNE

Puis soudain.... l'accident

Tout avait superbement commencé en ce vendredi 5 avril à Port Saint Louis du Rhône où avait lieu une journée pédagogique « taurine », avec le Titi Boncoeur en collaboration avec la FFCC. En matinée, au collège voisin Maximilien Robespierre, en présence Mr Rossi le principal du collège, ce sont 600 élèves qui ont été éduqués avec projection de films et des interventions-dialogues des manadiers Laurent et Linsolas, ainsi que des représentants fédéraux, et pendant ce temps, aux arènes aux 150 élèves des écoles Paul Eluard et Romain Roland leur ont été proposé des animations. Puis vers midi, le réfectoire du lycée décorait d'affiches di biòu permettait d'attendre la suite.

Celle des explications à la pratique, c'est à dire la course en tout début d'après-midi où tout le monde, en compagnie de quelques aféciouna des alentours, se retrouvaient joyeusement sur les gradins ensoleillés des arènes saint louisienne. Capelado, présentation des raseteurs et des tourneurs, minutieuses explications de la pratique de la course camarguaise du président de course Philippe Gilbert. La trompette raisonne et le premier taureau entre en piste, le 305 de Laurent  à l'esprit vagabond et sauteur à la grande joie des enfants. Voilà le second biòu, le 1016 des Baumelles, sérieux, placé, rapide qui le démontre derrière Montésinos, Denis et H. Dunan. La sonnerie de fin retentit, le taureau sort de la contre-piste devant le toril, remonte la piste à l'opposé du toril, passe devant le raseteur Damien Moutet qui le regarde passer, puis soudain....., croyant qu'il était passé, relâche sa garde. Erreur car, plus vite qu'il ne le faut pour l'écrire, le taureau se retourne, Damien qui semblait discuter avec les enfants et n'a pas entendu les appels des spectateurs, n'a pas le temps de sauter, le biòu l'encorne, le traîne sur plusieurs mètres, puis le relâche… En retombant, sa tête heurte le marchepied des barrières… Il reste KO.

Immédiatement ses collègues se portent à son secours et l'emmènent inconscient à l'infirmerie, et à partir de ce moment c'est l'angoisse car chacun comprend que c'est sérieux. Autour de l'infirmerie chacun y va de son commentaire devant cet accident, malheureux seulement, mais tristement bien réel. Le président de la FFCC Jean-Marc Soulas est inquiet, tout comme les organisateurs, les gardians, les manadiers, les autres raseteurs-tourneurs et simples spectateurs, sans parler des parents de Damien présents. Pendant ce temps le docteur Bennazous, qui d'après les témoins, se montre compétent lui apporte les premiers soins, en attendant, d'abord les pompiers et le médecin, puis le SMUR de Martigues, et enfin l'hélicoptère demandé. Celui-i arrive pendant que la course a repris mais les taureaux sont emboulés, sauf que le climat n'est plus le même. En attendant, Damien souffrant le martyre est endormi, et ce n'est que quasiment deux heures après l'accrochage (15h) que l'hélico décolle (17h photo ci-dessus) pour Marseille. Pourquoi donc tant de temps s’interrogent plusieurs personnes? " Apparemment, il y a eu un disfonctionnement dans le protocole entre la fédé et les Franciscaines de Nîmes où devait aller Damien, ensuite La Timone à Marseille ne pouvait le prendre, finalement c'est l'hôpital militaire de Laveran de Marseille qui a répondu favorablement. " nous explique le raseteur Maxime Favier qui n'a pas quitté un seul instant son copain. Sur ce, il faut aussi savoir qu'avant de transporter un blessé celui-ci doit être complètement stabilisé.

Donc aux dernières nouvelles, Damien a été opéré hier soir (lire vendredi) longuement car les coups de cornes ont fait des dégâts (pancréas-estomac-intestin et intestin grêle sont touchés- il y a une crainte de fuite du duodénum qui a été recousu, la vésicule est enlevée....) bref Damien a pris cher, très cher même et il est en réanimation pour plusieurs jours.

Que dire de plus? Que la course camarguaise est, certes un jeu, mais qu'à tout moment avec les taureaux le drame peut arriver, et la joie se transformer en pleurs. Alors, croisons les doigts pour Damien....

Patrick PONS

Crédit Photo: Norbert RAYNAUD