A L'HEURE FONTVIEILLOISE

Des "Guillierme" ô combien méritants

Lorsque vous avez un Youssef Zékraoui à coefficient 3, c'est à dire constitué de la trilogie exemplarité-qualité et efficacité qui, de fait, entraine obligatoirement ses collègues à lui emboîter le pas, et bien il en faut du mérite aux biòu. C'est exactement la qualité de ceux composant, en ce lundi de la Pentecôte taurine aux arènes de Fonvieille, la Royale de F. Guillierme, et ce d'autant plus louable et performant, que mis à part les deux premiers, tous effectaient leur début aux As. Alors, ne faisons pas la fine bouche et ne boudons pas notre plaisir ni celui des spectateurs.

Araire et Balaire sauvent deux ficelles

En premier de cordée Lou Tai. Si sa première ficelle explose avec l'art et l'adresse de Zékraoui en deux rasets à la 4^ème, il défend à l'énergie et application sa deuxième jusqu'à la 10 ^ème. Carmen en récompense. En second Araire. Passé l'essorage aux attributs (2minutes) il comprend que pour s'en sortir, il vaut mieux changer de tactique. Et ça paye ! Placé aux bons angles l'étau blanc se desserre et à partir de là les rasets sont nettement plus calculés. Ses réponses sont à la hauteur. Comme sur Zékraoui et J. Martin raccompagnés méchamment aux barrières. Sa deuxième ficelle au toril et la musique. En troisième Balaire. Il faut de tout pour faire une course, lui sa défense c'est au centre qu'il la trouve. C'est efficace car cela aère les échanges, d'autant qu'il tourne sur lui-même et rien ne lui échappe, tel Marignan « courségé », et quand Zékraoui s'en occupe, et 1, et 2 et 3 et 4 et la première ficelle dans le crochet, l'autre ré-embarque intacte. Carmen sans aucun doute.

Bravoure et brio en deuxième partie

Après l'entracte beau spécimen que cet Antonio qui a eu fort à faire sans démériter. Car, quand J. Martin et Zékraoui (quel superbe raset et la 1^ère ficelle à la 6’) donnent le tempo, ils ouvrent les portes des reprises qu'il assume avec grande générosité pendant 12’30 et les honneurs. En cinquième Arquet. En 45 secondes et trois coups de crochets on passe aux ficelles. Le rythme "rock’n roll" continue, en réponse il s'éclate aux barrières avec J. Martin, puis sur Ciacchini à la 4^ème où la puissance de l'impact semble lui faire marquer le pas. Reprenant son souffle, il démontre ses aptitudes sur une longue série applaudit, puis à la 9^ème Robert serré de près manque le marche-pied se déboite le coude et la course est normalement stoppée. Après 50 minutes de pause, la course reprend et sur le seul raset de Zékraoui la deuxième ficelle est faite. Carmen. Si la meilleure des réponses est l'attaque, et bien en sixième Boucanier est un bel exemple. Comprenez que devant les rafales de rasets qu'il reçoit, non seulement il est volontaire à souhait, mais en plus il a un énorme moral qui le pousse à s’engager aux barrières en basculant derrière Ciacchini, frappe sur Chekhade, sans oublier un autre sur Zékraoui intenable, le tout une dizaine d'actions dans 10 minutes menées tambour battant. Musique évidemment. Enfin, en septième L'Ascla. Hors points, mais pas pour le Crocher d'Argent, alors il vaut mieux six minutes pleines et animées (que 12 minutes languissantes) ce qu'il réalise avec énergie et brio dont deux coups de boutoirs engagés aux trois quarts derrière Ciacchini et Chekade. Carmen.

Youssef Zékraoui tire les ficelles façon patron...

... dans la noblesse du sens. Car chez les raseteurs, quatre droitiers, trois gauchers accompagnés de quatre tourneurs, que dire si ce n’est que Youssef Zékraoui a, du premier au dernier taureau, tiré la course, imposé son rythme et son style, avec cinq ficelles de levées pour presque autant de démarmaillées. Au final : de l'efficacité et la récompense de son travail où la totalité des attributs levés est de 36points, cela se passe de commentaire. Si ce n'est toutes nos félicitations. Avec Youssef, mention bien pour Jérôme Martin et Jérèmy Ciacchini.

Patrick PONS

Crédit photos: Norbert RAYNAUD